04/07/2009
La crise : le nonce de Benoît XVI à l'ONU attaque "la recherche effrénée du gain"
Tandis que les gouvernements semblent baisser les bras devant l'arrogance de la finance mondiale, nouveau discours ferme de Mgr Migliore :
Mgr Celestino Migliore, observateur du Saint-Siège à l'ONU (New York), a exposé le 26 juin, le point de vue catholique sur la crise mondiale. A la base de celle-ci, il voit l'instrumentalisation de l'individu par l'idéologie économique et financière qui a détruit tout repère éthique. Pour surmonter la crise, le Saint-Siège invite les gouvernements politiques à assurer la « transparence des marchés financiers », l'équité commerciale envers les pays pauvres, des investissements pour la sécurité alimentaire et les « dépenses sociales », et des interventions économiques « à court terme » pour alléger les souffrances « d'un milliard d'êtres humains souffrant de la faim » tandis que la pauvreté augmente sur toute la planète.
Sur le long terme, le Saint-Siège préconise (une nouvelle fois) la construction d'une économie « durable » qui tienne compte de la « fragilité » des pays en voie de développement, et surtout qui respecte « une nouvelle échelle de valeurs », pour que l'activité financière ne soit plus la « recherche effrénée du gain ». Il s'agit, a-t-il souligné, « de reconnaître les droits de tous sur la base du principe de partage des responsabilités ».
Mgr Migliore a rappelé les chiffres de la Banque mondiale : « A la fin des rencontres du Comité pour le développement qui a eu lieu fin avril, la Banque mondiale a estimé qu'entre 55 et 90 millions de personnes se sont retrouvées dans la pauvreté extrême en 2009, spécialement les femmes et les enfants ; en même temps, on s'attendait à ce que cette année, le nombre des personnes qui souffrent chroniquement de la faim dépasse le milliard... » Par ailleurs, a-t-il constaté, on a vu s'éloigner l'espérance « de mettre fin à l'extrême pauvreté avant 2015 grâce aux huit ''objectifs (de développement) du millénaire'' ».
Vu la gravité de la crise, a affirmé Mgr Migliore, « les institutions de l'Église dans le monde entier, ont profité de cette conjoncture pour promouvoir de nouvelles structures de solidarité et pour faciliter et encourager une nouvelle orientation des systèmes financiers et économiques nationaux et mondiaux vers les principes de la justice, de la solidarité et de la subsidiarité ».
Le Saint-Siège apporte son soutien aux « propositions avancées pour protéger [les pauvres] à travers des mesures de stabilisation à court terme, en adoptant dans le même temps des mesures à plus long terme pour s'assurer des flux financiers durables et pour réduire la possibilité que se produise une nouvelle crise ».
Ainsi, le Saint Siège demande à la communauté internationale de se concentrer sur une série de mesures « immédiates et urgentes » pour limiter les effets de la crise. « Nous accueillons avec plaisir les efforts faits lors du sommet du G20 qui s'est déroulé à Londres, en avril dernier, pour rendre disponible plus de mille milliards de dollars, comme aide complémentaire », a rappelé Mgr Migliore, avant de regretter que « seulement une petite partie d'une telle aide a été destinée aux pays en voie de développement les plus pauvres : il est fondamental de destiner encore une aide financière adéquate à ces pays, dont les besoins financiers doivent être mesurés avec attention. Il est aussi important que de telles aides soient accordées à des conditions minimum par l'institution financière internationale ».
Le Saint-Siège soutient en outre « les mesures destinées à renforcer la sécurité alimentaire », l'aide « aux dépenses sociales et, plus généralement, une dépense publique qui mette au centre les personnes... Devant une telle exigence, nous apprécions de manière particulière les propositions pour les ressources nécessaires ajoutées pour destiner à la ‘Vulnerability Financing Framework' de la Banque mondiale », a souligné Mgr Migliore.
Face au retour d'une telle crise à l'avenir, le Saint-Siège apporte par avance son soutien aux mesures qui assureraient la « transparence globale » et le contrôle à tous les niveaux du système financier.
- Source : Zenit
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